Yao Jérémie
L'Expert Jérémie Yao Finance My DSO Manager https://www.mydsomanager.com

Présentation de notre expert : Jérémie YAO

Pour cette nouvelle session de Parole d’Expert, nous avons eu le plaisir d’interviewer Jérémie Yao, Directeur Commercial chez My DSO Manager. Fort d’une expérience de plus de 15 ans dans le Credit Management au sein de groupes internationaux, Jérémie a occupé plusieurs fonctions clés avant de rejoindre My DSO Manager, où il accompagne aujourd’hui les entreprises dans la structuration et la digitalisation de leur poste client.

Son parcours lui confère une vision à 360° du métier : du terrain à la stratégie, de la gestion du risque à la relation commerciale. Habitué à collaborer avec les directions financières, commerciales et juridiques, il partage dans cette série une réflexion à la fois technique et humaine sur les transformations profondes du Credit Management.

À travers ses mots, on découvre un professionnel passionné par son métier, convaincu que la performance repose autant sur la donnée et les outils que sur l’écoute, la transmission et la compréhension de l’autre.

De la feuille papier à la donnée temps réel

Pour Jérémy Yao, la révolution du Credit Management ne fait aucun doute : elle s’appelle digitalisation.

Le métier, autrefois ancré dans les « états papiers édités », a basculé dans un univers de données, d’analyse et de reporting en continu. Cette transformation a changé le rythme et la nature même du travail : 

Le temps réel, c’est presque déjà trop tard , aime-t-il rappeler. Ce qu’il faut désormais, c’est anticiper.

Le Credit Manager moderne doit donc raisonner avec un temps d’avance : identifier les signaux faibles, exploiter la data, intégrer le prédictif dans ses décisions.

Pour Jérémy, cette évolution est comparable à toutes les révolutions technologiques passées : chaque génération pense vivre un moment extraordinaire, mais le progrès continue toujours plus loin. La digitalisation n’est qu’une étape ; d’autres mutations suivront.

Grandes entreprises et petites structures : deux écoles complémentaires

Lorsqu’on lui demande quelles sont les différences entre le Credit Management d’un grand groupe international et celui d’une PME, Jérémy évoque deux mondes qui se complètent.

 Dans les grands groupes, c’était le degré de structuration, l’accès aux ressources, aux organisations, aux responsabilités, à des dimensions de services avec des missions bien définies. […] On met en place un contrat : il y a le service juridique. On parle de pratiques de TVA : il y a le service fiscal. 

À l’inverse, dans les plus petites sociétés, on gagne en polyvalence et agilité, mais on perd en spécialisation :

 Dans une plus petite société, il y a plus de polyvalence, donc plus d’agilité, c’est certain, mais il y a moins une expertise fine dans un domaine donné. […] Nous assurons la comptabilité client, les relances et une partie de l’administration des ventes, ainsi que l’ensemble des tâches administratives associées .

Pour Jérémy, aucun modèle n’est supérieur à l’autre :

 Les deux sont bien , résume-t-il simplement. Tout dépend de la personnalité et de ce que l’on cherche : la spécialisation ou la vision d’ensemble.

Son propre parcours illustre ce propos. Après plusieurs années dans un grand groupe structuré, il rejoint My DSO Manager et « passe de l’autre côté du miroir ». Cette transition lui permet de mettre à profit tout ce qu’il avait appris pour contribuer à construire une approche nouvelle du métier.

La RSE : un nouveau critère dans l’analyse du risque

Le lien entre RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et Credit Management est de plus en plus concret. Jérémy le constate chaque jour : les appels d’offres intègrent désormais un volet RSE presque aussi essentiel qu’un bilan financier. Selon lui, le Credit Manager doit donc intégrer cette dimension dans sa réflexion sur les limites de crédit : tenir compte non seulement des performances économiques, mais aussi du comportement environnemental et social du client. Refuser d’ignorer ces critères, c’est prendre part à un progrès plus global :

 Est-ce que j’accorde davantage de crédit à une entreprise qui crée du déchet à outrance ?  s’interroge-t-il.

 Ou au contraire, est-ce que je limite mes engagements pour être plus équitable ?

La question n’est plus seulement financière : elle devient éthique.

Du gardien du temple au business partner

Longtemps perçu comme le “gardien du temple financier”, le Credit Manager doit aujourd’hui évoluer vers une posture de business partner. Jérémy nuance cependant : ce rôle n’a rien de théorique. Il implique d’abord de parler le langage du business.

 Le mot business partner est à la mode, mais derrière, il cache une réalité : il faut avant tout parler le langage du business. Si je discute avec le commerce et que je n’emploie que des termes propres à mon environnement financier, nous ne nous comprendrons pas.

Il détaille la posture attendue :

 Il faut développer une posture de conseil : je ne suis pas là pour donner des ordres, mais pour apporter des conseils, comprendre le besoin, être réactif et agile. […] Si le langage reste hermétique, le commerce voit presque une agression et ne te consulte plus.

Cette approche réconcilie deux mondes souvent perçus comme opposés : finance et commerce. Jérémy y voit même une constante :

 Tout est communication. C’était vrai hier, c’est vrai aujourd’hui, et ce le sera demain.

La culture cash : une responsabilité partagée

Vient alors la notion de “culture cash”, omniprésente mais parfois galvaudée. Pour Jérémy, c’est l’affaire de tous :

 Il faut que chaque acteur de l’entreprise pense que les actions menées, c’est pour la survie de l’entreprise : payer ses salariés, ses fournisseurs. […] La culture cash, ce n’est pas seulement faire rentrer ce qu’on nous doit, c’est aussi se dire : quelle maîtrise des risques je peux avoir à mon niveau ? 

Il donne un exemple simple, révélateur de la double dimension RSE et cash :

 Les lumières qui s’éteignent quand on n’y est pas : il y a une dimension RSE, mais il y a une dimension cash aussi. […] Ce n’est pas juste pour l’environnement : il y a une facture derrière ! 

Cette culture ne concerne pas uniquement les commerciaux. Jérémy a vu des financiers perdre de vue l’objectif réel derrière leurs tableaux :

Certains deviennent des experts d’Excel, mais oublient le sens de ce qu’ils mesurent.

À l’inverse, les commerciaux comprennent bien la valeur du client, mais doivent parfois être rappelés à une vérité simple : un bon client, c’est aussi celui qui paie.

Les qualités humaines au cœur du métier

Pour construire une équipe performante, Jérémy met en avant des qualités humaines avant les compétences techniques : l’écoute, la communication, l’agilité mentale et l’empathie. Cette capacité à comprendre des positions différentes ouvre des solutions :

 Celui qui comprend même celui qui n’est pas dans la même position que lui, a déjà une longueur d’avance , dit-il. C’est cette ouverture d’esprit qui permet de bâtir des solutions durables.

Savoir se mettre à la place de l’autre, comprendre ses réactions, anticiper les divergences : autant de réflexes qui, selon lui, distinguent un bon professionnel.

À travers ses propos, Jérémy Yao dresse le portrait d’un Credit Manager moderne : connecté, communicant, responsable et humain. Son message est clair : le progrès technologique ne remplace pas l’intelligence humaine ; il la met en valeur.

Dans le prochain épisode :

 Systèmes d’information, organisation et pilotage : ERP, outils dédiés et DSO au centre du jeu.

Jérémy Yao expliquera comment les ERP ont structuré le métier, pourquoi les organisations hybrides s’imposent, et comment le DSO reste l’indicateur de référence pour piloter la performance mondiale.

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