Crise économique

2014 fera t-elle date dans l’évolution de la crise économique mondiale qui sévit de 2007 ? Depuis 7 ans déjà, la crise fait rage. Une de ses particularités est d’avoir touché les pays avancés à la différence des crises précédentes qui avaient concerné principalement les pays émergeants (crise asiatique, crise argentine), générant ainsi un sentiment d’invulnérabilité des pays développés et créant l’illusion que les marchés financiers étaient efficients.

Ce n’était pas le cas, et de loin.

La complexité et l’obscurité des marchés, leur interconnexion toujours plus importante et immédiate, les excès de l’effet de levier sont autant de facteurs qui, avec le recul que nous avons aujourd’hui, rendait la crise financière inévitable. Les grandes crises humaines reposent toujours sur des causes évidentes…une fois qu’elles sont survenues.

La crise a fortement changé de forme durant cette période et nous pouvons distinguer différentes phases énoncées par Jean-Claude Trichet lors du colloque Coface sur les risques pays :

  • Crise de fortes turbulences sur les marchés de 2007 au 15 août 2008 (date de la faillite de Leman Brothers).
  • Crise de liquidités du 15 août 2008 à fin 2009.
  • Crise souveraine de 2010 à 2013. Pour la première fois depuis longtemps, la solvabilité de certains pays développés était remise en question.

Aujourd’hui il semble qu’une nouvelle phase démarre avec une reprise de la croissance significative dans différentes régions du monde. Les perspectives sont bonnes aux Etats-Unis (+2,4%) et dans certains pays émergeants qui présentent des situations contrastées (7,2% pour la Chine, 2% pour le Brésil).

La zone Euro où l’épicentre de la crise s’est déplacé en 2010 à cause de la fragilité de certains de ses états membres sort lentement de la récession et présente une croissance honorable sur 2014, même si les performances sont également variées. L’Allemagne table sur une croissance de 1,7% en 2014 quand les prévisions pour la France se limitent à 0,6%. Le Royaume Uni étonne avec une prévision à 2,1% alors que l’Italie stagne à 0,4%.

Si le retour de la croissance est une bonne chose, elle ne suffit pas, et de loin, à entrevoir la fin de la crise.

  • Premièrement, elle est trop faible dans de nombreux pays pour inverser la courbe du chômage et réduire les défaillances d’entreprises qui flirtent avec les records absolus comme par exemple en France avec près de 63 000 défaillances sur 2013. Coface estime que seule une croissance supérieure à 1,6% permettrait de réduire le nombre de procédures collectives en France.
  • Deuxièmement, l’endettement excessif des états, cause fondamentale de la crise depuis 2010 n’a pas diminué. La zone Euro restera pour longtemps une région potentiellement risquée compte tenu des divergences entre les états et d’une politique monétaire commune dans l’incapacité de concilier les intérêts contradictoires résultant de cette situation. Les différentiels de compétitivité et le manque de réformes structurelles contribuent aux difficultés d’une zone Euro encore immature dans sa construction.

Nous sommes dans une crise en W (avec des rebonds) plutôt qu’en U (une descente suivie d’une remontée). Il est donc probable que l’épisode actuel ne soit que momentané. L’avenir (un redressement durable ou une rechute) dépend singulièrement de la capacité des états à tirer profit de cette embellie pour se réformer et réduire la dépense publique. L’expérience accumulée depuis 30 ans montre à quel point cette courageuse orientation n’est que trop peu mise en œuvre par des gouvernements bien trop focalisés sur le court terme.

Quelles conséquences pour le crédit interentreprises en France ?

Avec 0,6% de croissance prévus sur 2014, la France respire un peu mais ce niveau est insuffisant pour faire baisser le chômage et les défaillances d’entreprises. Le coût des plans de sauvegarde, redressements judiciaires et autres liquidations judiciaires se stabilise mais représente toutefois 7,3 milliards d’euros en 2013. L’inquiétude issue de la hausse de la taille moyenne des entreprises défaillantes se résorbe peu à peu. Si le nombre de procédures a augmenté de 5% en 2013, leur coût n’a cru que de 0,2%.

Le nombre de défaillance devrait donc encore augmenter en 2014 et peut être dépasser le « record » de 2009 mais sans provoquer le raz de marée un moment envisagé (voir l’effet domino).

La crise est durable, les incertitudes concernant les partenaires commerciaux sont fortes. Implémenter dans son entreprise les principes du Credit Management est essentiel et stratégique.

Gouverner, c’est prévoir.

Diriger une entreprise, c’est prévoir la capacité de ses clients à payer ses factures. C’est également optimiser ses processus internes avec l'objectif ultime de maximiser les entrées de trésorerie, clé du financement de son activité et du développement de son entreprise.

Dans un contexte durablement incertain, l’optimisation des conditions de paiement accordés à ses clients, l’amélioration des dysfonctionnements internes à l’origine de litiges et la sécurisation de ses affaires doivent être intégrés de manière routinière dans la gestion quotidienne.

De ce point de vue, la crise est source d’améliorations pour les entreprises. Seules celles qui prennent conscience de ces réalités mettent toutes leurs chances de leur coté pour préserver leur activité et être à même de saisir les opportunités qui s’offrent à elles.

Sources : colloque Coface du 21 janvier sur les risques pays

Date: 23-01-2014 - Auteur : Bertrand Mazuir
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