Un rebond inattendu après un printemps encourageant
Après un deuxième trimestre 2025 marqué par un ralentissement de la hausse des défaillances, la situation se dégrade de nouveau à l’été.
Selon la dernière étude publiée par Altares, 14 371 procédures collectives ont été enregistrées entre juillet et septembre 2025, soit une hausse de +5,2 % sur un an.
C’est un niveau inédit pour une période estivale, confirmant la fragilité de la reprise économique.
Les TPE et PME sont en première ligne :
- +9 % de défaillances pour les entreprises de plus de 5 salariés,
- +13 % pour celles de 10 à 19 salariés.
Même les structures historiquement plus solides sont désormais touchées : 46 entreprises de plus de 100 salariés ont fait défaut, mettant près de 10 000 emplois en péril.
Au total, plus de 50 700 entreprises ont défailli depuis janvier, soit 1 600 de plus qu’à la même période en 2024. Sur douze mois glissants, la France franchit la barre symbolique des 69 600 procédures.
Comme le souligne Thierry Millon, directeur des études Altares :
L’économie française est plongée dans un épais brouillard. L’incertitude gèle les décisions d’investissement et d’embauche, même chez les dirigeants les plus aguerris.
TPE et PME : la ligne de front des défaillances
Les chiffres du troisième trimestre confirment une tendance déjà observée depuis le début de l’année : la sinistralité se concentre sur les structures les plus petites.
Les TPE et microentreprises représentent toujours la majorité des défaillances, mais la vulnérabilité des PME intermédiaires s’accentue.
En revanche, la part des liquidations judiciaires directes recule légèrement au profit des redressements et procédures de sauvegarde, désormais à l’origine d’un tiers des jugements.
Ces dispositifs permettent le maintien d’une activité, limitant les conséquences sociales immédiates.
Secteurs d’activité : contrastes marqués entre résistance et fragilité
Les secteurs qui résistent
- Construction : avec 3 505 défauts (+2 %), le secteur reste l’un des plus solides. Le gros œuvre s’améliore (–4 %) et les travaux publics affichent une bonne tenue (–7 %).
- Commerce de détail : –1 %, une performance portée par les commerces alimentaires et de proximité.
- Information et communication : –4 %, le numérique demeure un secteur résilient, soutenu par la demande en services digitaux.
Les secteurs en difficulté
- Industrie manufacturière : +17 %, sous l’effet d’une forte hausse dans la métallurgie (+54 %), la récupération de déchets (+33 %) et l’imprimerie (+45 %).
- Services aux entreprises : +9 %, avec des pics de défaillances dans le nettoyage (+35 %) et la sécurité (+20 %).
- Agriculture : +27 %, fragilisée par la hausse des coûts et les conditions climatiques.
- Santé humaine et action sociale : +37 %, touchant aussi bien les professions libérales (médecins, dentistes, infirmiers) que les structures d’aide à domicile.
- Transports : légère amélioration globale (–1 %), mais disparités fortes : le fret routier se redresse (–15 %) tandis que le transport de voyageurs progresse (+15 %).
Ces résultats traduisent une économie duale, où les activités à forte intensité de main-d’œuvre et dépendantes de la consommation sont les plus exposées.
Défaillances régionales : une géographie de plus en plus inégale

La carte des défaillances dressée par Altares révèle une France à deux vitesses.
Les régions en amélioration :
- Bretagne : –10 %, tirée par la bonne résistance du secteur du BTP.
- Provence-Alpes-Côte d’Azur : –4 %, notamment dans les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône.
- Grand Est : –0,4 %, grâce au recul des défauts dans le Bas-Rhin (–8 %) et le Haut-Rhin (–17 %).
Les régions les plus fragiles :
- Centre-Val de Loire : +33 %, plus forte hausse du trimestre.
- Pays de la Loire : +15 %, avec de fortes augmentations en Mayenne (+30 %) et en Vendée (+40 %).
- Auvergne-Rhône-Alpes : +13 %, pénalisée par le Rhône et l’Isère (+20 %).
- Nouvelle-Aquitaine : +12 %, malgré la stabilité de la Gironde.
- Corse : +14 %, contrastant avec l’amélioration observée en 2024.
Outre-mer, les écarts sont encore plus marqués : la Guyane bondit de +125 %, alors que la Réunion (–7 %) et la Martinique (–12 %) enregistrent une amélioration notable.
Des signaux d’apaisement à surveiller
Si le troisième trimestre confirme une dégradation générale, plusieurs indicateurs laissent entrevoir une stabilisation progressive :
- Le taux d’impayés mensuels calculé par les Urssaf reste inférieur à 1 %, contre 1,4 % avant la crise.
- Les retards de paiement reculent après avoir atteint 14 jours en moyenne au premier semestre.
- La proportion de redressements judiciaires augmente, ce qui traduit une volonté de sauver l’activité plutôt que de liquider.
Enjeux et perspectives pour le Credit Management
Dans un contexte où les indicateurs économiques restent dégradés, le Credit Management occupe un rôle clé pour anticiper et maîtriser le risque client.
Surveiller les comportements de paiement
Les retards et allongements de délais doivent être suivis de près, notamment dans les secteurs fragilisés (industrie, services, santé).
Adapter les politiques de crédit
Les entreprises de petite taille, plus exposées, nécessitent des limites d’encours ajustées et des garanties renforcées.
Croiser les risques géographiques et sectoriels
Les écarts régionaux observés par Altares imposent une segmentation du portefeuille client selon les zones à risque.
Automatiser la prévention et la relance
L'usage de bons outils permet d’intégrer des alertes précoces, de fiabiliser le scoring client et de sécuriser la trésorerie.
Conclusion : une vigilance toujours de mise
Le troisième trimestre 2025 confirme que la sortie de crise reste incertaine. Malgré une résilience globale, les fragilités structurelles persistent, en particulier chez les TPE et dans les secteurs à faible marge.
Pour les entreprises, la prudence doit donc rester le mot d’ordre : Consolider la trésorerie,
Surveiller les comportements de paiement,
Ajuster les stratégies de relance.
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